Tous les secrets pour trouver des morilles

Comment et où trouver des morilles, quelles circonstances peuvent induire des pousses spontanées, quels biotopes sont propices à son installation durable ? Ce grand dossier vous permettra d'avancer d'un très pas sur le chemin de la compréhension de ce fabuleux champignon, car oui, il faut avant tout comprendre la Morille pour s'en rapprocher

Le ph de la terre à morilles

Le ph de la terre est le facteur le plus déterminant pour espérer trouver des morilles, car elles ne tolèrent que des terrains au ph neutre, ou calcaire. Pour information, certaines plantes comme le coquelicot et le trèfle blanc ne poussent que sur des sols calcaires. Les cartes géologiques permettent de savoir précisément la nature des sols, voir ici une de ces fameuses cartes : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53006751f/f1.item.zoom. Jurassique, crétacé, (vert, bleu, légendes 13 à 18), l'éocène supérieur et inférieur, l'oligocène et miocène (légendes 19 à 22) sont favorables à la pousse des morilles. Le test du vinaigre permet de déterminer, mais sans précisions certaines le ph d'une terre. Pour cela, on en prélèvera un peu et on versera du vinaigre blanc dessus, si une réaction moussante ou effervescente se fait, elle est normalement calcaire. On trouve en jardinerie des testeurs électroniques pour une vingtaine d'euros, munis d'une aiguille qui plantait dans le sol analyse et indique la teneur, cependant pour ne pas s'embêter, la carte est la meilleure solution. Constat : ph favorables à la morille compris entre 6,3 et 7,5. Le 7 correspond au stade de terre neutre ou basique, au-dessus de 7, elle est calcaire. Les deux premières images ci-dessus expliquent aussi cela.

Les coins à morilles annuels

Pour commencer, voyons les habitats où les morilles repousseront chaque année, durant toute la durée de vie du mycélium. Celui qui trouve un coin récurrent à morilles, garde jalousement son secret, car avant de déceler une zone inconnue de tous, il faut marcher parfois longtemps, et prospecter sans se décourager. Ces coins, produisant chaque année des morilles, sont le fait d'une symbiose (mycorhization) entre un arbre ou une plante et les morilles, nous aborderons tous ces biotopes potentiels au fil de cet article. La connaissance des divers arbres et plantes s'avère indispensable, cela prend du temps, mais à coup sûr vous permettra de devenir un redoutable chasseur de morilles.

Les arbres fruitiers : la morille aime les sols sucrés. Les arbres fruitiers dont les fruits tombent et pourrissent au sol apportent ce sucre apprécié des morilles. Il faut éviter les vergers traités aux pesticides, ceux à l'abandon ou bio sont une aubaine. Les meilleurs biotopes sont ceux des merisiers, pommiers, poiriers, cerisiers, et abricotiers.

Les conifères et sapinières : les forêts de conifères, comme les sapinières pas trop denses, sinon on ne recherchera qu'en lisières, offrent de bons biotopes à morille conique. Un mélange de conifères avec du hêtre, du chêne, ou encore comme dans le sud-est de la France, où les pins et arbousiers font bon ménage, est un bon facteur pour une prospection assidue. Les conifères produisent des terpènes (hydrocarbures), composants de la résine dont on tire l'essence de térébenthine, leur présence au sol semble être favorables aux morilles, toujours à condition que la terre est un PH adéquat. Les conifères à privilégier sont les épicéas, les sapins blancs appelés aussi sapins pectinés, les pins noirs d'Autriche, le pin sylvestre, le pin d'Alep. Les cèdres peuvent aussi produire des poussées, au Maroc dans les forêts de cèdres de l'Atlas, elles poussent à profusion.

Zone humide à feuillus et plantes à sève sucrée : ces biotopes peuvent se montrer très prolifiques chaque année, en morilles blondes. Inspectez les forêts claires et lisières humides, composées de certains feuillus tel que les frênes, noisetiers, peupliers tremble. Les bords de rivières et ruisseaux regorgent souvent de ces arbres, et l'humidité y est permanente, de quoi attirer les morilles. La symbiose de la morille avec ces essences n'est plus à démontrer, le mycélium s'amalgamant avec les racines pour s'en nourrir et croître. L'arbre hôte apporte certains éléments nutritifs, comme le frêne avec sa sève sucrée, ou tel autre du carbone utile à la fructification. La morille se conduit ici en opportuniste vivant au crochet de ses hôtes.

Les coins à morilles éphémères

Sur ces biotopes, les morilles ne poussent qu'une à deux saisons pour ne plus revenir. Ce sont des lieux où un bouleversement a eut lieu, souvent à l'origine de l'homme ou à des catastrophes naturelles.

La coupe de bois : effectuées en prévention des incendies ou pour raisons économiques, ces zones où les branches et petits troncs sont souvent passés à la broyeuse, peuvent provoquer des pousses spectaculaires durant un an ou deux, grâce aux résines et essences libérées au sol, providentielles pour les morilles. Si une pousse à lieu, se sera directement le printemps qui suit la coupe, au plus tard le suivant. Pins et chênes sont très favorables. Les zones à vérifier sont les alentours des souches coupées, déracinées, les traces des bulldozers et autres machines, les endroits où des troncs auront été entreposés, tractés, et aussi simplement dans les copeaux. 

Les lieux rudéraux : définis ce qui croît près des décombres, l'ortie est parfois une plante rudérale. Il en va ainsi des morilles, qui peuvent se plaire sur ce style de biotope, il faudra veiller à ce qu'aucun déchet toxique ne soit à proximité. J'y inclus aussi les ruines, dont les murs en chaud d'autrefois peuvent alimenter la terre en calcaire.

Les zones de bois incendiés : ces zones sont à prospecter une à deux saison suivant l'incendie. Si un incendie survient en été 2024, la production des dites morilles de feux pourra se faire dès le printemps 2025.

Les chantiers et travaux : les chantiers offrent des opportunités, le travail de la terre révèle parfois le mycélium au grand jour. Une collègue racontait que des morilles étaient sorties carrément au fond d'une tranchée sur son terrain. Tout bouleversement de la terre par l'homme ou la nature est bon, ainsi qu'un déversement de chaux, de plâtre, de ciment, des produits très calcaire, ayant un effet booster, faisant monter le PH d'une terre à un niveau correct.

Les carrières de ciment, plâtre, chaux : à leurs alentours, la végétation est souvent recouverte d'une pellicule blanchâtre, c'est en fait le calcaire qui emportait par le vent s'y dépose, imprégnant aussi la terre, faisant monter le ph des sols parfois trop acides au bon niveau pour la morille.

Les arbres et plantes spécifiques aux morilles

Les plus connus favorisant l'émergence de morilles grâce à leur sève sucrée sont sans aucun doute le frêne et le noisetier qu'il vous faudra absolument connaître et reconnaître. Voyez ci-dessus des photos du frêne, prise à la bonne période, début mars à début avril, pour vous aider à l'identifier grâce à ses jeunes feuilles qui viennent d'éclore, ses bourgeons bruns à noirâtres, ainsi que les samares qui les enveloppes sèches portant les graines de l'année précédente, voilà le moment où vous devez commencer vos recherches, avant cela ne sert à rien. Une autre information importante à prendre, et que l'on entend de tous les chercheurs confirmés, c'est que la présence de galeries de petits rongeurs et de taupes à proximité d'arbres à sève sucrée, favorise la sortie des morilles. En effet, car lors de leurs déplacements incessants sous terre, ces petites bestioles pourront sans le vouloir, occasionner des blessures aux racines du frêne, qui libéreront donc plus de sève et par conséquent de matières nutritives sucrées. Ce "sucrage" de la terre se fait entre la fin l'hiver et l'approche du printemps, le frêne et certains autres arbres débourrent, leurs bourgeons éclatent alors, les arbres relâchent leur excédent de sève sucrée par leurs racines dans le sol, favorisant ainsi les pousses.

Le noisetier, sur la photo prise en fin avril. Cet arbuste est très connu des initiés comme étant aussi un des meilleurs géniteurs de morilles. Vous le repérerez aisément grâce aux coquilles de noisette tombées au sol et qui ne se désagrègent pas en une seule année. On ne peut pas vraiment parler ici de tronc, mais plutôt d'un ensemble de branchages et de tiges sortant du sol. Nous voyons également sur la photo les feuilles et les fructifications en forme de guirlandes.

Sur notre liste, viendra s'ajouter l'orme très bon lui aussi, sa feuille rappel celle du noisetier, mais elle possède une particularité qui vous rendra l'identification facile, elle est asymétrique, c'est-à-dire plus courte d'un côté que de l'autre à sa base, voyez la photo ci-contre ainsi que la comparaison avec d'autres arbres aux feuilles ressemblantes ici : https://marchois.tripod.com/Arbre/arbres.htm le lien s'ouvre dans une nouvelle fenêtre. Viennent encore, charme, peuplier ou tremble, érables, aulne, acacia, robinier (faux acacia), hêtre, présents au bord de l'eau, pourront réserver des surprises.

Arbustes favorables à l'apparition de morilles

Les arbustes susceptibles de produire des fruits, même toxiques sont bons eux aussi, en voici la liste : sorbier des oiseleurs ou des oiseaux (très bon) - groseillier sauvage - aubépine - églantier (rosier sauvage) - ronciers (mûres sauvages) - alisier torminal nommé encore alisier des bois ou sorbier torminal (très bon) - néprun des Alpes - sureau - prunelier (aussi épine noire).

Plantes sur les biotopes à morilles (indicatrices de sols propices)

Les violettes (mauve et bleu ciel) - La mercuriale Hépatique à trois lobes - Les espèces d'orchidées sauvages - Les jacinthes (signal de départ de la saison des morilles) - La ficaire fausse renoncule (zones propices à la morille) - Ciste cotonneux (terrain calcaire) - narcisse des poètes (la saison des morilles a démarré) - Pissenlits : crée une symbiose directe avec la morille - L'ortie - Le lierre terrestre - Lierre rampant ou grimpant - Pervenches (biotope propice) - Le troène (famille du frêne - Oléacées) dont une vieille étude du 18e siècle, semble montrer, qu'il serait dans certains cas, un atout en plus pour créer la symbiose entre un arbre et la morille, agissant un peu comme un élément manquant.